Alain Marcheteau est l'invité de notre séance 11 consacrée à la gouvernance des entreprises publiques qui aura lieu le 11 avril 2012. Sur la base de son expérience dans plusieurs grandes entreprises publiques, il nous décrira la transformation progressive de l'Etat-Tutelle en Etat-Actionnaire.
Diplômé de SciencesPo et titulaire d'une licence en Droit, Alain est affecté au Ministère des Transports à sa sortie de l'ENA en 1971, puis à la Direction du Trésor. En 1981, il rejoint Air France où il sera successivement Trésorier, Directeur Financier puis Directeur Général Adjoint (Finances et Filiales). De 1991 à 1998, il est Directeur financier de la Compagnie de Suez, puis Président de plusieurs filiales de crédit bail immobilier du Groupe. De 1999 à 2009, il occupe successivement les fonctions de Directeur Général Adjoint (Finance) et Secrétaire Général et membre du comité exécutif du Groupe SNECMA (devenu Safran à la suite de sa fusion avec Sagem). Aujourd'hui Président d'AM Consult, il est administrateur indépendant de Sodexo et de Daher (cette dernière ayant comme actionnaire le Fonds Stratégique d'Investissement).
Il faut ajouter qu'Alain Marcheteau est le leader d'un Jazz Band très talentueux !!
Séminaire du master Finance et Stratégie de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris
L'objectif de ce blog
Ce blog est le support du séminaire Gouvernance Financière animé par Jean-Florent Rérolle à Sciences Po depuis l'année 2004-2005 (séminaire de printemps). Il est destiné avant tout aux étudiants inscrits au séminaire, mais il est aussi ouvert à tous ceux qui s'intéressent à cette matière qui est devenue une composante essentielle de la finance d'entreprise, en particulier aux étudiants qui n'auront pas pu s'inscrire et qui veulent avoir un aperçu de ce que nous allons traiter durant ce semestre. Le programme détaillé des séances peut être téléchargé ici.
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mardi 10 avril 2012
mardi 13 avril 2010
Bibliographie de la séance 11
La séance 11 porte sur l'Etat et la Gouvernance. Non seulement l'Etat intervient dans la production des règles de gouvernement d'entreprise (voir la séance 3 et en particulier l'article de Sophie Harnay déjà cité comme référence bibliographique) et dans la régulation financière (voir la séance 7), mais il est lui même acteur de la gouvernance dans toutes les entreprises dans lesquelles il a investi ou entend jouer un rôle. Son action peut s'exercer dans un cadre de gouvernance précis (lorsqu'il est représenté au conseil d'administration) ou peut prendre des formes plus inhabituelles (pressions multiformes publiques ou confidentielles). On a même vu l'Etat tenter d'infléchir les pratiques d'entreprises totalement privées (exemple des rémunérations des dirigeants). Bref, l'Etat devient un acteur incontournable de la gouvernance.
Lectures obligatoires :
- l'Agence des Participations de l'Etat de Bruno Bezard et Eric Preiss, Revue Française d'Administration Publique 2007/4
- Les errements de l'Etat actionnaire d'Hervé Joly (Télos, le 4 novembre 2009)
- Octobre 2008 : le retour de l'Etat ? perspectives politiques sur la crise financière de Bruno Bernardi (La vie des Idées, 17 octobre 2008)
- Consulter le rapport d'activité du Fonds d'Investissement Stratégique de 2009
- Comment Sarkozy prépare la relève des patrons (Les Echos 12 février 2009)
- La vérité sur le pantouflage (Les Echos du 6 mai 2009)
- Bilan et perspectives des fonds souverains (Banque de France 2008)
- Quel patriotisme économique au XXIème siècle (Institut Montaigne, David Thesmar et Augustin Landier, décembre 2005)
Lectures facultatives :
Lectures obligatoires :
- l'Agence des Participations de l'Etat de Bruno Bezard et Eric Preiss, Revue Française d'Administration Publique 2007/4
- Les errements de l'Etat actionnaire d'Hervé Joly (Télos, le 4 novembre 2009)
- Octobre 2008 : le retour de l'Etat ? perspectives politiques sur la crise financière de Bruno Bernardi (La vie des Idées, 17 octobre 2008)
- Consulter le rapport d'activité du Fonds d'Investissement Stratégique de 2009
- Comment Sarkozy prépare la relève des patrons (Les Echos 12 février 2009)
- La vérité sur le pantouflage (Les Echos du 6 mai 2009)
- Bilan et perspectives des fonds souverains (Banque de France 2008)
- Quel patriotisme économique au XXIème siècle (Institut Montaigne, David Thesmar et Augustin Landier, décembre 2005)
Lectures facultatives :
- la Revue Française d'Administration Publique qui consacre tout son numéro 2007/4 à l'Etat Actionnaire (accessible sur le site de la Bibliothèque de SciencesPo).
- Les lignes directrices de l'OCDE sur le gouvernement d'entreprises des entreprises publiques qui présente l'approche que l'OCDE recommande à ses membres
dimanche 11 octobre 2009
La gouvernance à géométrie variable
Je reprends dans ce message celui que j'ai rédigé sur mon blog.
"Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais". Cette formule s'applique trop souvent aux pratiques de gouvernement d'entreprise en France. Malgré les déclarations émouvantes de beaucoup de dirigeants en faveur des principes de bonne gouvernance, la réalité est bien plus sombre.
Quelques exemples viennent de nous en être donnés dans la sphère (semi) publique. D'un coté, le pouvoir politique n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de la mauvaise gouvernance des banques. Il est vrai que la question de savoir où étaient passés les administrateurs de celles-ci pendant la crise pouvait être légitimement posée. Mais cela n'a pas empêché ce même pouvoir politique de procéder par ailleurs à la nomination de plusieurs dirigeants d'entreprises semi-publiques sans que les organes sociaux aient eu apparemment leur mot à dire. On espère maintenant que le favoritisme ne sombrera pas dans le népotisme décomplexé ...
Un autre exemple, pris cette fois-ci dans la sphère privée, nous est offert par la décision du Groupe Axa de changer son mode d'organisation. Sous réserve de l'approbation de l'AG des actionnaires, la société remplacera son organisation duale (conseil de surveillance / Directoire) par un conseil d'administration classique présidé par Henri de Castries qui cumulera les fonctions de Président et de directeur général.
La structure duale ou la séparation des fonctions de Président du Conseil d'Administration et du Directeur Général répond à un principe très simple dans nos sociétés démocratiques : la séparation des pouvoirs. Dans ce type de structure, il est beaucoup plus naturel et facile pour un conseil de contrôler l'action d'un dirigeant ou de demander à son président d'exiger une information renforcée sur tel ou tel sujet sensible. C'est d'autant plus important lorsque l'on est en présence d'un dirigeant charismatique et tout puissant. Je ne vise absolument pas Henri de Castries qui semble être un homme non seulement remarquable mais aussi très mesuré, sympathique et porté au dialogue. Mais la structure de gouvernance d'une entreprise ne peut pas être organisée en fonction de la personnalité du dirigeant car celui-ci peut changer ou être changé.
On comprend d'ailleurs mal pourquoi Axa décide de modifier un système qui lui a si bien réussi dans le passé. Certes, sa création répondait à des raisons essentiellement conjoncturelles (la fusion avec l'UAP qui nécessitait de donner une position à son Président de l'époque). Il n'avait été maintenu lors du départ de Claude Bébéar que pour des raisons tout aussi éloignées du principe de séparation des pouvoirs : il est habituel en France que lorsque le dirigeant d'une entreprise prend sa "retraite", il décide de conserver une position dominante au sein du conseil afin (officiellement) de permettre une transition harmonieuse avec son successeur. En réalité, on sait qu'il s'agit avant tout de conserver statut, pouvoir, influence et rémunération ...
Il n'en reste pas moins que la raison évoquée dans le communiqué laisse rêveur tant elle fait appel à la langue de bois la plus pure :
"Faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais". Cette formule s'applique trop souvent aux pratiques de gouvernement d'entreprise en France. Malgré les déclarations émouvantes de beaucoup de dirigeants en faveur des principes de bonne gouvernance, la réalité est bien plus sombre.
Quelques exemples viennent de nous en être donnés dans la sphère (semi) publique. D'un coté, le pouvoir politique n'a pas ménagé ses critiques à l'égard de la mauvaise gouvernance des banques. Il est vrai que la question de savoir où étaient passés les administrateurs de celles-ci pendant la crise pouvait être légitimement posée. Mais cela n'a pas empêché ce même pouvoir politique de procéder par ailleurs à la nomination de plusieurs dirigeants d'entreprises semi-publiques sans que les organes sociaux aient eu apparemment leur mot à dire. On espère maintenant que le favoritisme ne sombrera pas dans le népotisme décomplexé ...
Un autre exemple, pris cette fois-ci dans la sphère privée, nous est offert par la décision du Groupe Axa de changer son mode d'organisation. Sous réserve de l'approbation de l'AG des actionnaires, la société remplacera son organisation duale (conseil de surveillance / Directoire) par un conseil d'administration classique présidé par Henri de Castries qui cumulera les fonctions de Président et de directeur général.
La structure duale ou la séparation des fonctions de Président du Conseil d'Administration et du Directeur Général répond à un principe très simple dans nos sociétés démocratiques : la séparation des pouvoirs. Dans ce type de structure, il est beaucoup plus naturel et facile pour un conseil de contrôler l'action d'un dirigeant ou de demander à son président d'exiger une information renforcée sur tel ou tel sujet sensible. C'est d'autant plus important lorsque l'on est en présence d'un dirigeant charismatique et tout puissant. Je ne vise absolument pas Henri de Castries qui semble être un homme non seulement remarquable mais aussi très mesuré, sympathique et porté au dialogue. Mais la structure de gouvernance d'une entreprise ne peut pas être organisée en fonction de la personnalité du dirigeant car celui-ci peut changer ou être changé.
On comprend d'ailleurs mal pourquoi Axa décide de modifier un système qui lui a si bien réussi dans le passé. Certes, sa création répondait à des raisons essentiellement conjoncturelles (la fusion avec l'UAP qui nécessitait de donner une position à son Président de l'époque). Il n'avait été maintenu lors du départ de Claude Bébéar que pour des raisons tout aussi éloignées du principe de séparation des pouvoirs : il est habituel en France que lorsque le dirigeant d'une entreprise prend sa "retraite", il décide de conserver une position dominante au sein du conseil afin (officiellement) de permettre une transition harmonieuse avec son successeur. En réalité, on sait qu'il s'agit avant tout de conserver statut, pouvoir, influence et rémunération ...
Il n'en reste pas moins que la raison évoquée dans le communiqué laisse rêveur tant elle fait appel à la langue de bois la plus pure :
L'inanité de cette raison donnée par une société aussi emblématique qu'Axa est un mauvais coup porté à la gouvernance française. Ce qui fait justement dire à Breakingviews dans le Monde du 9 octobre que :La modification proposée par le Conseil de Surveillance correspond à la volonté de simplifier les processus de décision opérationnels pour faire face aux défis futurs. Cette évolution s’inscrit dans le cadre de l’actualisation régulière et continue de la stratégie et de l’organisation interne du Groupe.
La France peut bien donner au monde des leçons en matière de bonus. Mais pour les leçons de bonne gouvernance, il va falloir faire quelques progrès ...Au-delà des vertueuses déclarations, les mécanismes de gouvernance sont avant tout conçus en France comme un moyen de servir les intérêts de celui qui gouverne. Principes élastiques et gouvernance à géométrie variable sont les deux mamelles du système.
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