L'objectif de ce blog

Ce blog est le support du séminaire Gouvernance Financière animé par Jean-Florent Rérolle à Sciences Po depuis l'année 2004-2005 (séminaire de printemps). Il est destiné avant tout aux étudiants inscrits au séminaire, mais il est aussi ouvert à tous ceux qui s'intéressent à cette matière qui est devenue une composante essentielle de la finance d'entreprise, en particulier aux étudiants qui n'auront pas pu s'inscrire et qui veulent avoir un aperçu de ce que nous allons traiter durant ce semestre. Le programme détaillé des séances peut être téléchargé ici.
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lundi 7 février 2011

Les auditeurs sont-ils les prochains boucs émissaires ?

Après les banquiers, les fonds alternatifs et les agences de notation, le prochain coupable de la crise est peut-être l’auditeur. Jusqu’à présent, les cabinets d’audit n’avaient pas été réellement inquiétés. Les attaques s’étaient concentrées sur les normes comptables et, plus particulièrement, sur le caractère pro-cyclique de la juste valeur. Malgré les sommations des politiques et les lamentations des banquiers, les normalisateurs n’ont pas vraiment bougé. Grâce à quelques aménagements proposés par les régulateurs, acceptés par les auditeurs et appliqués par les évaluateurs, la tension était retombée. 
C’était sans compter le Commissaire Barnier dont le Green Paper permet de relancer le débat tous azimuts, débat qui fait écho à celui qui commence également aux Etats-Unis.
La plupart des accusations sont connues. Les auditeurs n’ont pas été à la hauteur de la situation. Ils n’ont pas été capables d’anticiper les difficultés, ou plutôt de faire en sorte qu’elles apparaissent clairement dans les comptes des banques. Pire, certains vont jusqu’à considérer que leur laxisme les rend complices de faillites bancaires. C’est ainsi que Charlie Munger, l’associé de Warren Buffet, a soutenu que : 
« a majority of the horrors we faced would not have happened if the accounting profession were organized properly. In other words, they have a position from which, if they behaved intelligently and correctly, they could prevent a huge amount of all that's wrong with the system. And they fail utterly, time after time, after time. And they are way too liberal in providing the kind of accounting the financial promoters want. They have sold out ».
L'interview de Charlie Munger :



Les critiques sont anciennes et bien connues. Le Green Paper européen en fait un inventaire assez complet ... Lire la suite sur mon blog http://www.rerolle.eu/

A la suite de ce livre vert, la commission a déposé son projet de directive que l'on peut télécharger ici.

Les recommandations de l'AMF sur le comité d'audit

Le 22 juillet 2010, l’AMF a mis en ligne ses recommandations sur la mise en place des comités d’audit à la suite des travaux du groupe de place présidé par Olivier Poupart Lafarge, membre du Collège.

Beaucoup d’encre a d’ores et déjà coulé pour décrire ces nouvelles dispositions qui résultent de l’article L.823-19 du code de commerce introduit par l’Ordonnance du 8 décembre 2008. Cette réglementation est prise en application de la fameuse 8ème Directive européenne du 17 mai 2006 qui fait obligation à toute entreprise cotée de se doter d’un comité d’audit.

Depuis la parution de cette directive (et de la Recommandation de la Commission européenne en date du 15 février 2005), de nombreux comités de réflexions ont été réunis en France pour faire l’exégèse de ce texte et en identifier les conséquences pratiques. C’est ainsi que l’Institut Français des Administrateurs a réuni deux commissions : l’une sur les rapports entre le comité d’audit et les commissaires aux comptes et l’autre sur la responsabilité des membres des comités. L’IFA a également conduit des travaux en partenariat avec l’IFACI et l’AMRAE sur l’audit interne pour le premier et la maîtrise des risques pour le second. Le Club des Juristes a lui aussi pris position dans un rapport datant de juin 2009.

C’est probablement la multiplicité des commentaires qui a conduit l’AMF à réunir son propre groupe de réflexion afin de fixer quelques lignes claires qui pourraient non seulement inspirer les entreprises mais aussi les tribunaux. En effet, un certain nombre d’experts regrettaient la profusion de ces textes, la légère tendance à la surenchère de bonnes pratiques qu’ils véhiculaient et les conséquences juridiques qui pourraient en découler devant les juges.

Un recadrage de la part d’une autorité comme l’AMF était souhaitable pour éviter des pratiques hétérogènes et peut être des interprétations trop ambitieuses. Le rapport du groupe de travail affiche donc clairement que l’objectif de l’AMF est de « souligner les points saillants des missions confiées au comité d’audit, d’apporter un éclairage sur son périmètre d’intervention et de proposer une démarche concrète de mise en œuvre, permettant ainsi de poser les fondamentaux et d’éviter des pratiques à géométrie variable ». Cette initiative lui permet aussi de « rappeler que les comités d’audit étaient au cœur de ses préoccupations » (la qualité de l’information financière est centrale dans sa tâche de protection des investisseurs et faisaient partie des nouveaux enjeux de régulation).
En vertu de la recommandation de l’AMF, les sociétés cotées devront se référer au rapport du groupe de travail dans le rapport du Président sur le contrôle interne et la gestion des risques, et, dans la logique habituelle du « comply or explain », en cas d’application partielle, elles devront clairement identifier les recommandations qu’elles ont appliquées et la raison pour laquelle elles n’appliquent pas les autres.

Ce rapport comporte quatre idées essentielles :
  1.  Le champ d’action du comité d’audit est strictement encadré et subordonné
  2. Il s’agit d’un comité purement technique qui surveille le processus de gestion des risques
  3. La responsabilité de ses membres est conforme au droit commun
  4.  L’organisation du comité est exclusivement définie par le conseil (d’administration ou de surveillance)

Voir la suite sur mon blog http://www.rerolle.eu/

jeudi 14 janvier 2010

Christian Mouillon est l'invité de la séance 8

Christian Mouillon, Global Vice-Chair, est le responsable mondial de l'activité audit de Ernst & Young. Il viendra nous parler de l'information financière et du rôle de l'auditeur dans la gouvernance le 21 mars 2012. On trouvera sa biographie ICI.

samedi 8 mars 2008

Attention aux managers trop confiants ! le risque de fraude n'est pas loin.

C'est le thème d'une étude réalisée par Catherine M. Schrand et Sarah L. C. Zechman qui s'intitule "Executive Overconfidence and the Slippery Slope to Fraud".

Par nature, l'homme est optimiste. Witney Tison écrivait en 1999 :

"But humans are not just robustly confident-they are wildly overconfident.

Consider the following:

- 82% of people say they are in the top 30% of safe drivers;
- 86% of my Harvard Business School classmates say they are better looking than their classmates (would you expect anything less from Harvard graduates?);
- 68% of lawyers in civil cases believe that their side will prevail;
- Doctors consistently overestimate their ability to detect certain diseases (think about this one the next time you're wondering whether to get a second opinion);
- 81% of new business owners think their business has at least a 70% chance of success, but only 39% think any business like theirs would be likely to succeed;
- Graduate students were asked to estimate the time it would take them to finish their thesis under three scenarios: best case, expected, and worst case. The average guesses were 27.4 days, 33.9 days, and 48.6 days, respectively. The actual average turned out to be 55.5 days.
- Mutual fund managers, analysts, and business executives at a conference were asked to write down how much money they would have at retirement and how much the average person in the room would have. The average figures were $5 million and $2.6 million, respectively. The professor who asked the question said that, regardless of the audience, the ratio is always approximately 2:1.

Importantly, it turns out that the more difficult the question/task (such as predicting the future of a company or the price of a stock), the greater the degree of overconfidence. And professional investors -- so-called "experts" -- are generally even more prone to overconfidence than novices because they have theories and models that they tend to overweight.

Perhaps more surprising than the degree of overconfidence itself is that overconfidence doesn't seem to decline over time. After all, one would think that experience would lead people to become more realistic about their capabilities, especially in an area such as investing, where results can be calculated precisely. Part of the explanation is that people often forget failures and, even if they don't, tend to focus primarily on the future, not the past. But the main reason is that people generally remember failures very differently from successes. Successes were due to one's own wisdom and ability, while failures were due to forces beyond one's control. Thus, people believe that with a little better luck or fine-tuning, the outcome will
be much better next time."


Certains sont plus optimistes que la moyenne, et c'est le cas des dirigeants d'entreprise. Cet état d'esprit qui est essentiel au dynamisme d'un projet stratégique peut cependant avoir quelques inconvénients. La finance comportementale les a étudié depuis longtemps. Voir par exemple "managerial overconfidence and corporate policies" de ItzhakBen-David, John R. Graham, et Campbell Harvey, (November 2007), ou encore "behavioral corporate finance : a survey " de Baker, Ruback et Wurgler qui font un point très complet sur les biais comportementaux des dirigeants.

L'étude de Schrand et Zechman analyse les circonstances dans lesquelles une fraude apparait à non pas à la suite d'une volonté délibérée et perverse du dirigeant, mais tout simplement parce que ce dernier pense qu'il va pouvoir rétablir une situation difficile avant que le comportement frauduleux qui visait à la masquer ne soit découvert. Quelques semaines après l'affaire de la Société Générale, cette thèse nous semble bien familière ...

dimanche 2 mars 2008

Préparation de la séance 8




Lecture obligatoires :

- Extraits du vade-mecum de l'administrateur (IFA) :
  1. L'approbation des comptes
  2. Le comité des comptes

Lectures complémentaires

- Le vade-mecum, 2ème édition: chapitres 3.2, 3.3 et 3.4

- Sur la vision des grands réseaux d'audit sur le rôle de l'audit, l'avenir des normes comptables et de l'information financière :
  1. "Global Capital Markets and the Global Economy", A Vision From the CEOs of the International Audit Networks", November 2006
  2. "Global Dialogue with Capital Market stakeholders", A Report From the CEOs of the International Audit Networks, January 2008
- Les normes comptables, instruments du capitalisme financier de Michel Capron. Excellente étude qui soutient que la comptabilité a été récupérée par les marchés financiers et les investisseurs dans une perspective de gouvernance laissant peu de place aux parties prenantes.
- Le cadre de référence de contrôle interne en France établi sous l'égide de l'AMF
- les bonnes pratiques du comité d'audit, et les comités d'audit et les auditeurs externes, documents réalisé par l'IFA.
- Le rapport annuel de l'AMF sur le gouvernement d'entreprise et le contrôle interne
- Le numéro spécial de la Revue Française de Gestion 147 –2003/6 sur le "Contrôle externe : modalités et enjeux" (disponible sur le site internet de la bibliothèque de SciencesPo)
- Les décisions et recommandations des autorités européennes ont un impact grandissant sur l'information financière : normes comptable, rôle des auditeurs, fonctionnement du conseil (comités d'audit) ... On trouvera l'ensemble des textes et rapports (ainsi que des communiqués de presse les résumant !) relatifs au contrôle légal des comptes ou aux responsabilités du conseil d'administration en matière d'information financière sur le site de la commission.

Mise à jour 2012 : 
L'initiative récente la plus intéressante est celle qui a été lancée par l'IIRC et qui vise à imaginer un nouveau reporting financier : l'integrated reporting. Le document de présentation est un must read !