L'objectif de ce blog

Ce blog est le support du séminaire Gouvernance Financière animé par Jean-Florent Rérolle à Sciences Po depuis l'année 2004-2005 (séminaire de printemps). Il est destiné avant tout aux étudiants inscrits au séminaire, mais il est aussi ouvert à tous ceux qui s'intéressent à cette matière qui est devenue une composante essentielle de la finance d'entreprise, en particulier aux étudiants qui n'auront pas pu s'inscrire et qui veulent avoir un aperçu de ce que nous allons traiter durant ce semestre. Le programme détaillé des séances peut être téléchargé ici.

samedi 13 mars 2010

Le luxe corrompt le jugement et la décision

L’exposé de la dernière séance du séminaire qui portait sur la rémunération des dirigeants a présenté la théorie du « Crowding out effect » qui considère qu’une rémunération élevée peut être contre-productive (à l’inverse de la position soutenue par la théorie de l’agence).

Je viens de découvrir un papier qui apporte un éclairage complémentaires très intéressant : le luxe altère le jugement si l’on en croit deux professeurs de Harvard, Roy Y.J. Chua et Xi Zou qui ont relaté dans une étude intitulée  « The Devil Wears Prada? Effects of Exposure to Luxury Goods on Cognition and Decision Making » leurs expériences dans ce domaine.

Leur travail montre que la simple exposition à des produits de luxe augmente la propension d’un individu à donner la priorité à son intérêt propre sur ceux des autres, ce qui affecte ses prises de décisions.

Mais il ne faut pas tirer la conclusion rapide que l’exposition au luxe conduit nécessairement les individus à avoir des comportements immoraux :

In the midst of the current global economic crisis, people are outraged by highly paid executives living on the lap of luxury but continue to make self-serving decisions while ignoring the plight of others (The Economist, 2009). One commonly proffered explanation is that these executives lack a moral compass, leading them to care only about themselves to the extent of hurting others. Our findings offer another perspective – the fact that these executives are surrounded by luxury did not help their decision making to be more others-oriented. Yet their seemingly “immoral” decisions stem not so much from real tendency to hurt others but more from over self indulgence. Perhaps limiting corporate excesses and luxuries might indeed be a step toward getting executives to behave more responsibly.

On est assez séduit par cette vision lorsque l’on pense à Warren Buffet ou au succès d’un certain nombre de groupes familiaux qui restent discrets et dont les membres se gardent d’étaler ostensiblement leur fortune.

On ne peut pas non plus s’empêcher de reproduire ce raisonnement au monde politique : la culture ‘bling-bling » n’explique-t-elle pas l’infatuation et l’égocentrisme de certains hommes politiques... ?

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