L'objectif de ce blog

Ce blog est le support du séminaire Gouvernance Financière animé par Jean-Florent Rérolle à Sciences Po depuis l'année 2004-2005 (séminaire de printemps). Il est destiné avant tout aux étudiants inscrits au séminaire, mais il est aussi ouvert à tous ceux qui s'intéressent à cette matière qui est devenue une composante essentielle de la finance d'entreprise, en particulier aux étudiants qui n'auront pas pu s'inscrire et qui veulent avoir un aperçu de ce que nous allons traiter durant ce semestre. Le programme détaillé des séances peut être téléchargé ici.

dimanche 7 septembre 2008

Un adversaire coriace : le hedge fund Greenlight Capital

La récente augmentation de capital de Natixis a permis à la communauté financière française de découvrir Greenlight Capital. Il s'agit d'un hedge fund de 6 milliards de dollars dont la stratégie est de jouer ses cibles à la baisse (il s'agit d'un short-seller). Et cette stratégie a été payante puisque sa rentabilité s'est élévée à 26 % par an depuis 1996 !!

Son Président David Einhorn, s'est fait particulièrement connaitre dans la lutte qui l'oppose depuis 2002 à Allied Capital, société financière spécialisée dans les financements d'entreprises moyennes. Cette affaire qu’il vient de décrire dans un livre « Fooling some of the people all the time » est emblématique. Lors d’une conférence charitable organisée par Tomorrows Children’s Fund, David Einhorn présente Allied capital comme une opportunité à vendre et il promet de donner 50% des profits qu'il espère à TCF.

Tous les ingrédients semblaient réunis pour que le cours d'Allied Capital chute fortement: l’évaluation de certaines participations à un prix supérieur à leur prix de marché, les provisions comptabilisées uniquement lorsqu'il apparait certain que le recouvrement des sommes dues sera impossible, des changements suspects dans la façon dont les auditeurs rédigent leurs conclusions, des explications peu claires de la part du management sur les critiques formulées par Greenlight. Bref, de multiples indices révélateurs d'une situation intenable.

Allied Capital va alors se déchaîner contre son accusateur et l'histoire de leur combat est absolument incroyable : outre le débat public très technique qui s'est alors engagé (on peut trouver sur le site du livre de nombreux documents ou rapports qui témoignent de la profondeur de l'analyse de Greenlight), des épisodes moins professionnels ou glorieux doivent être relevés :

  • Wall Street s'est immédiatement montré solidaire de la Société. Un analyste de la Deutsche bank a cependant émis une opinion négative sur la Société. Il a été licencié, et quelques mois plus tard, cette même banque a pu conseiller la Société dans plusieurs augmentations de capital
  • les autorités (SEC, département de la justice) sont restées sourdes aux accusations de David Einhorn. Celui-ci a même fait l'objet d'une enquête de la part de la SEC (dont un des avocats s'est par la suite enregistré comme un lobbyiste d'Allied Capital ...!)
  • La presse n'a pas voulu considérer les arguments présentés par Greenlight
  • l'épouse de David Einhorn a été licenciée de son poste chez Barron's
  • un employé d'Allied Capital a volé des enregistrements téléphoniques de David Einhorn.

Plusieurs leçons peuvent être tirées de cette aventure. Je vous laisse les découvrir sur mon blog perso.

L'initiative de Greenlight sur Natexis n'a pas réussie. Mais David Einhorn a montré qu'il avait de la patience. "Stay tuned" comme disent les américains !

Aucun commentaire: